Histoire

La Roche-Maurice vient du breton « rob » (forteresse) et de Morvan (Maurice). En effet, c’est au XIVème siècle qu’apparaît le nom de La Roche-Maurice. Ce nom semble lié à la présence d’une forteresse surnommée Roch’Morvan et édifiée dès le XIème siècle par Morvan, vicomte du Faou.
La Roche-Maurice est issue d’un démembrement de l’ancienne paroisse de l’Armorique primitive de Ploudiry et dépendait de l’évêché de Léon. 
Sous l’Ancien Régime, La Roche-Maurice était une trève de la paroisse de Ploudiry et le statut de paroisse lui est accordé lors du concordat de 1801.
La commune de la Roche-Maurice est formée de l’ancienne trève du même nom, ainsi que de la trève de Pont-Christ, dont la chapelle est fondée en 1533 par le seigneur de Brézal, et d’une portion de la paroisse de Plounéventer. La chapelle de Pont-Christ, qui date de 1581, était, avant la Révolution, le chef-lieu d’une paroisse érigée en commune en 1790, supprimée en l’an VIII pour être rattachée à La Roche Maurice. 

Moyen Age

On ignore à quelle date s´est constitué le bourg castral de La Roche-Maurice, probablement avant le XVe siècle, car en 1407 des lettres patentes du duc de Bretagne Jean V autorisent la translation de la foire de La Roche-Maurice, du premier dimanche au premier mardi d’octobre. Un testament d’Hervé VIII de Léon en 1363 indique la fondation d´une chapellenie dans la chapelle. On ignore s´il s´agit de l´église actuelle. Les vicomtes de Rohan financent la construction de l’église actuelle entre 1539 et 1589 ; l’ossuaire fut construit entre 1639 et 1640.

Du XVIe siècle au XVIIIe siècle

Des paysans de La Roche-Maurice, pour la plupart de simples journaliers, voire des mendiants pour certains, même s’il existe quelques juloded (« paysans aisés ») enrichis par l’activité toilière (lin surtout) alors prospère en Bretagne, participent à la Révolte du papier timbré, dite aussi des Bonnets rouges, en 1675. La répression qui suivit obligea bon nombre à se cacher dans le Toul ar Bonnedou-Ruz. La Roche doit acquitter 500 livres au titre des dommages causés.

La Révolution française et le XIXe siècle

Deux cahiers de doléances sont rédigés le 29 mars 1789, l’un par les paroissiens de La Roche, l’autre par ceux de Pont-Christ. Le 18 mars 1793, des paysans de La Roche participent à la bataille de Kerguidu près de Berven, qui est un soulèvement anti-révolutionnaire. L’ossuaire et la grande vitre de l’église paroissiale sont dégradés pendant la Terreur.
Lors de la création de la commune en 1791, celle-ci est formée de l’ancienne trève de la Roche-Maurice, à laquelle s’ajoute l’ancienne trève de Pont-Christ, amputée toutefois du hameau de Guerrant (Goarem Hent). Elle est alors rattachée au canton de Ploudiry et au bureau de police de Landivisiau.
 
Le XIXe siècle est marqué par un essor industriel avec la création de la grande minoterie de La Roche-Maurice en 1825, de plusieurs moulins à papier sur l’Élorn et certains de ses affluents (le Justiçou, le Morbic), et en 1845 la création de la filature de Traon-Élorn qui employa jusqu’à 2 500 ouvriers. Pendant le Second Empire, la construction de la voie ferrée allant de Paris à Brest, inaugurée en 1865, marque le paysage communal, la voie ferrée traversant le bourg, contribuant à dégrader le site et étant facteur d’insécurité en raison du passage à niveau, mais La Roche-Maurice bénéficie désormais d’une gare ferroviaire, la Gare de La Roche-Maurice, mise en service en 1882 par la Compagnie des chemins de fer de l’Ouest.
 
En 1865 justement, l’année même de la mise en service de la voie ferrée, Max Radiguet visite La Roche-Maurice, écrivant :
« Comme dans toutes les campagnes bretonnes, l’église de La Roche-Maurice est bâtie au milieu du cimetière. Elle est demi-voilée, au couchant par les ifs qui puisent leur sève dans cette terre où sont couchés déjà bien des générations et qui étendent jusqu’à son toit leurs rameaux funèbres (…). Son clocher de granit, l’un des plus élégants du Finistère est dentelé aux arêtes comme une scie ; ses trois étages ont pour gouttières aux angles inférieurs des animaux bizarres, tarasques ou guivres. »

Le XXe siècle 

1901

Le 2 août 1907, un train de voyageurs venant de Paris dérailla près de La Roche-Maurice et deux wagons sortirent des rails. Aucun accident de personnes ne fut à déplorer et les voyageurs durent gagner à pied la gare de Landerneau. Le 2 juillet 1922, deux femmes qui traversaient le passage à niveau de La Roche-Maurice sont renversées par l’express Paris-Brest, l’une d’elle eut le crâne fracassé, sa sœur eut la vie sauve.

Une foire se déroulait début novembre à La Roche-Maurice. Dans la décennie 1930, une grande foire se tenait à La Roche-Maurice le premier jeudi de chaque mois. Les foires ont perduré jusque vers 1955 et la “prison” qui jouxte l’église témoigne encore de ces foires si animées qu’il fallait parfois “mettre à l’ombre” quelques fraudeurs ou quelques quidams trop enivrés.

Les guerres du XXe siècle

monument mort
Le monument aux morts de La Roche-Maurice porte 51 noms de personnes mortes pour la France dont 32 personnes décédées pendant la Première Guerre mondiale, 18 pendant la Seconde Guerre mondiale et une pendant la Guerre d’Indochine.
La Seconde Guerre mondiale
Six résistants ont été fusillés, après avoir été martyrisés, par les Allemands à La Roche-Maurice dans le Bois du Pontois le 31 juillet 1944 . Une stèle commémorative se trouve à l’endroit de l’exécution.
« Les visages méconnaissables donnaient l’impression que les victimes avaient été atrocement torturées. Deux d’entre elles avaient les oreilles coupées, d’autres le nez aplati ou les yeux arrachés, la mâchoire fracassée ou la boîte crânienne enfoncée (…). »
monument
Le site stratégique de La Roche-Maurice explique la présence de chasseurs alpins français en avril 1940, puis brièvement de troupes anglaises, remplacées lors de la Débâcle française de 1940 par des troupes allemandes, ainsi que des Russes blancs (en fait des Géorgiens) de l’Armée Vlassov, pillant entre autres la ferme du Pontois. Les Allemands installent dans une vingtaine de baraques, le long de la route vers Landerneau, 700 à 800 hollandais et belges réquisitionnés par l’organisation Todt afin de construire le mur de l’Atlantique, ainsi qu’un camp de repli pour des marins allemands de bateaux basés à Brest, en particulier le croiseur Scharnhost, dans le bois du Pontois34.
La commune est libérée le 9 août 1944 vers 13 heures par une patrouille américaine venant de Plounéventer via Lanneufret. Avant de fuir, les Allemands ont fusillé trois personnes.

L’après-seconde-guerre-mondiale

En 1946, l'”Association Don Bosco” crée un foyer pour l’enfance inadaptée à Keraoul en La Roche-Maurice. C’est désormais un foyer d’accueil médicalisé pour adultes handicapés.

La commune s’est agrandie le 15 juillet 1948 en incorporant des terrains et villages situés au nord de l’Elorn, et qui dépendaient auparavant de la commune de Plounéventer. Il s’agit des villages de Kéravelloc, Créac’h-Miloc, Ty-Carré, Traon-Lez, Le Lez, Lez-Elorn, Lez-ar-Ster, Ker-Gabrielle, Ty-Ménez, Kerigeant, Kerlys et les Plants. Soit une surface de 200 hectares.

Cette modification communale sera suivie de la même modification paroissiale, en vertu d’une ordonnance épiscopale en date du 18 novembre de la même année.

 

Description de La Roche-Maurice vers 1950,
R. Bras, dans un article détaillé intitulé La Roche Maurice, il y a 50 ans a décrit la commune vers 1950 ; en voici un résumé :
Vers 1950, La Roche-Maurice était encore une commune essentiellement rurale comptant 68 exploitations agricoles exploitées en faire-valoir direct. Ces exploitations étaient alors exploitées par une main-d’œuvre essentiellement familiale (2 ouvriers agricoles seulement alors recensés); 32 agriculteurs étaient alors propriétaires de leur exploitation, les autres étant fermiers). La polyculture était alors dominante, blé principalement, associé au seigle, au colza et à la pomme de terre, le maïs commençant alors à peine à être cultivé et le lin ne l’étant plus guère ; les terres labourables ne constituaient que 43 % de la superficie totale de la commune, mais avaient tendance à s’agrandir par défrichement d’une partie des bois et landes.
Trois moulins à blé (minoteries) occupant 21 personnes étaient alors en activité : le moulin Branellec à Kérigeant, le moulin Leverge à Ty-Ruz, le moulin Kerbrat sur Le Morbic ; quatre autres étant déjà désaffectés : Kermadec, Ligoulven, Milin ar C’hann sur le Morbic et un sur le ruisseau du Frout près de Kerfaven.
Les commerces étaient alors nombreux : 14 débits de boisson, 3 bouchers-charcutiers, 3 marchands d’articles de bonneterie, 1 marchand de tissus, 1 marchand de chaussures, 5 marchands-forains, un commerçant en gros de produits laitiers ; une entreprise générale du bâtiment employant une dizaine d’ouvriers et quelques artisans (menuisier, maréchal-ferrant, réparateur de vélos, marbrier) étaient également présents. Les ouvriers sont alors une centaine.
Dans le même article, R. Bras signale que l’électrification de la commune, commencée en 1935, est en 1953 en voie d’achèvement, mais qu’il existe encore quelques secteurs de la commune non électrifiés.
Les pardons étaient encore à l’époque très fréquentés : celui de l’église Saint-Yves se tenait le jour de l’Ascension, et celui de Pont-Christ le deuxième dimanche de septembre.