Le château de Roc’h Morvan

Visites

La partie basse du château est ouverte aux visiteurs tous les jours de 10h à 18h. La partie haute est fermée au public pour travaux jusqu’en 2025, comprenant la tour. Pendant la durée des travaux, le site sera praticable sauf au niveau de l’accès au donjon et de la porterie. La fouille programmée va débuter à cet endroit. La visite nécessite de l’attention et des chaussures adaptées. 
La visite est libre et gratuite.
N’hésitez pas à contacter la mairie pour plus d’informations.
visite

Entretien du château

Une équipe de bénévoles entretient et débroussaille le château régulièrement

Site internet de l’association Château et Patrimoine

Découvrez le site internet de l’association Château et patrimoine : https://chateauetpatrimoinerochois.fr/

debroussaillage

Histoire du château de Roc’h Morvan

La Roche Maurice, résidence des vicomtes de Léon
 
La première mention du château date de 1263, mais il est incontestablement plus ancien.
Avec ceux de MORLAIX, BREST et LESNEVEN, il était une des plus importantes forteresses des vicomtes de Léon.
Ces seigneurs jouissaient d’un pouvoir considérable : en plus de leurs revenus fonciers, ils détenaient le droit de bris sur les navires qui s’échouaient sur les côtes du Léon, le monopole de la production du sel et la pêche des gros poissons, les droits de haute, moyenne et basse justice, le droit de battre monnaie et celui de bâtir des forteresses sans requérir à l’autorisation du Duc.
De ce fait, ce prince ne pouvait guère contrôler les agissements ce ces puissants feudataires ce qui explique que lorsque Henri II Plantagenêt, Roi d’Angleterre, voulut mettre la main sur le Duché dans le troisième quart du XIIe siècle, ils furent parmi ses plus ardents adversaires.
 
oui
Les vicomtes de Léon : de puissants seigneurs
Très tôt, c’est la forteresse de LA ROCHE MAURICE qui devint “la citadelle de LANDERNEAU” dont elle était pourtant distante de quatre kilomètres. Les vicomtes de la branche cadette choisirent ainsi de renforcer ce château situé sur une position stratégique et sur un emplacement défensif de premier ordre. LA ROCHE MAURICE n’était cependant par leur seule résidence. Ils se firent en effet bâtir une vaste demeure de plaisance fortifiée, “la Joyeuse Garde”, sur les bords de l’Elorn à la lisière de la forêt de LANDERNEAU, à six kilomètres à l’ouest de cette ville.
 
Les premières mentions de château
1263 : cette date figure dans une obligation contractée par un chevalier léonard, Nuz, fils de Sen. Celui-ci s’engage à garder, au nom d’Hervé IV de Léon, le château de Coëtmeur en Landivisiau, pendant la minorité des fils du seigneur de ce lieu, décédé. Il est en outre stipulé dans cet acte que Hervé IV ne poursuivra pas Nuz pour certains objets qui se trouvaient à LA ROCHE MAURICE (Rupe Morvan) lors de la mort d’Hervé III de Léon et qui auraient alors disparu. Cet acte permet donc d’établir que le château de LA ROCHE MAURICE existait dès 1241, date du décès de Hervé III de Léon.Dès le milieu du XIIIe siècle le château semble être la principale des résidences des vicomtes de Léon, qui séjournèrent également à “la Joyeuse Garde”, probablement édifiée dans la seconde moitié de ce siècle. Ainsi, un acte de 1696, relate, que suivant des lettres de 1336, LA ROCHE MAURICE était à l’époque un séjour agréable et que les vicomtes y donnaient des fêtes brillantes.
Naissance d’Hervé VIII de Léon à la Roche Maurice.
Au moyen âge, on consignait fréquemment les actes importants de la vie des grands personnages sur les bibles ou sur les livres d’heures. Ainsi, une annotation figurant sur la bible des grands seigneurs de Léon conservée à la bibliothèque Sainte Geneviève à PARIS, relate la naissance d’Hervé VIII de Léon à LA ROCHE MAURICE en 1341. L’auteur de cette note précise même le moment de la conception de l’enfant et il nous indique l’engagement d’Hervé VII de Léon dans la guerre de Cents Ans et dans la guerre de Succession de Bretagne, qui s’ouvrit en 1341 entre Charles de Blois et Jean de Montfort, tous deux prétendants au trône ducal.
 
La guerre de Succession de Bretagne (1341-1365) mit rapidement le Léon à feu et à sang : le château de “La Joyeuse Garde” et plusieurs autres changèrent plusieurs fois de mains. LANDERNEAU fut ravagée, la place de BREST fut occupée par les anglais de 1342 et 1397. Après une conduite héroïque sous les ordres de Charles de Blois et de ses alliés français, Hervé VII de Léon fut capturé par les anglais au manoir de Porléac’h en TREGARANTEC en 1342. Il décéda en 1344.
Hervé VIII fut confié à la garde de son oncle Erard de Léon, seigneur de Frémerville. La forteresse de LA ROCHE MAURICE servit probablement de refuge aux membres de la famille de Léon durant ces années troublées où les anglais étaient maîtres d’une bonne partie du pays qu’ils écumaient à partir de BREST. Hervé VIII et Erard de Léon résidaient au château en 1359-1360, Hervé VIII de Léon décéda en 1363 à l’âge de 22 ans. Dans son testament, il eut soin de fonder deux chapellenies (offices divins) dans la chapelle dédiée à Saint Yves située près du château (“Item fundo et creo duas perpétuas Capellanias in Capella Beati Yvonis apud Rocham Morvam”). Cet oratoire qui s’élevait hors de l’enceinte de la forteresse trop exigüe a été remplacée par l’église actuelle au XVIème siècle.

Architecture du château de Roc’h Morvan

chateau

Le site du château

Le château occupe l’extrémité d’un promontoire qui sur­plombe de plusieurs dizaines de mètres la confluence de l’Elorn et d’un ruisseau, le Morbic.
Le rocher de quartzite, très exigu est relié au plateau qui le domine, au sud-­est, par une dépression de terrain où fut implanté le village de LA ROCHE MAURICE.
Le choix du site résulte donc de la présence d’un abrupt escarpé, facile à défendre, ce qui ne comptait guère à une époque où la portée des armes de jet n’excédait pas quelques dizaines de mètres.Cette contrainte du site dut cependant être très vite ressentie, non pas pour l’aménagement du château lui-même, mais pour celui de ses annexes.
II semble en effet probable qu’une “basse cour” fut établie en avant de l’enceinte. Cette “baille” abritait les com­muns, les écuries, les logements des serviteurs et de la garnison qui ne purent pas tous être édifiés dans la forteresse.
Ce type de dispositif correspond bien à l’organisation des châteaux des Xle et Xlle siècles qui comportaient fréquemment des défenses échelonnées en hauteur et en profon­deur : donjon (ici ceint d’une chemise), enceinte et basse-cour plus sommairement protégés.
La “bayle” du château de LA ROCHE MAURICE ne possédait sans doute pas de retranche­ments importants car le village qui lui a succédé ne conserve pas dans son parcellaire de traces d’un fossé ou d’une muraille

Description d’ensemble du Château
La topographie du site conditionne le plan de la forteresse : les constructeurs utilisèrent judicieusement les reliefs rocheux de l’éperon dont le principal, une butte haute de vingt mètres, servit d’assise au donjon et à son enceinte tandis que sur une deuxième plate-forme, moins élevée, (cinq à dix mètres) furent édifiés des ouvrages secondaires. Ces deux éminences orientées nord-sud étaient naturellement protégées par des abrupts rocheux au nord et à l’est. La première constituait un réduit autonome qui dominait l’ensemble du château. Le flanc sud de la forteresse, le plus accessible, était barré par un profond fossé et un rempart long d’une cinquantaine de mètres qui reliait la base sud-ouest de la plate-forme occidentale à une grosse tour qui armait la partie sud de la terrasse orientale. Ce dernier édifice, vraisemblablement doublé d’un autre similaire, flanquait l’entrée de la place que défendait un pont-levis. L’espace intérieur du château était exigu et la nature du site rendit difficile l’aménagement interne de la place. Ainsi, l’escalade de la plate-forme du donjon qui constituait une épreuve pénible pour les assaillants, devait également être incommode pour les habitants du château même s’il existait probablement alors des rampes de bois pour en améliorer l’accès. Le petit espace plat qui se trouvait entre les deux plates-formes abritait sans doute des bâtiments alors que d’autres logements s’appuyaient peut-être contre la cour¬tine sud en dessous du donjon auquel était accolé un logis.
Le donjon et son enceinte
Le donjon est l’ouvrage le plus ancien du château. II est juché sur la plate-forme la plus élevée au nord-ouest. L’ensemble est circonscrit par une enceinte, une chemise. Le donjon s’élève au sud, en arrière et en surplomb du dispositif d’entrée de la chemise. Par ses défenses, cette tour participait activement à la protection de l’accès de la plate-forme, et par sa masse, il couvrait la petite esplanade et les bâtiments qui lui étaient contigus au nord. Il fut édifié à la verticale de l’abrupt, à l’est, ce qui obligeait les assaillants à le contourner par l’ouest. Ils empruntaient alors un passage d’une largeur inférieure à deux mètres pour accéder au coeur de la plate-forme, comme aujourd’hui. Le donjon est un trapèze, d’une douzaine de mètres de côté, qui conserve une élévation de huit à douze mètres. II délimite une salle intérieure quadrangulaire aux angles coupés d’environ cinq mètres de côté. C’est un édifice massif dont les murs sont épais de deux mètres et demi et même de trois mètres au sud, le flanc le plus exposé. L’élévation originale de cet édifice est difficilement reconstituable: deux niveaux sont encore visibles. II n’est pas certain qu’il y en ait eu d’autres, si ce n’est une cave obscure actuellement remblayée (les assises inférieures du mur sont situées à plus de cinq mètres au dessous du plancher de la salle du premier étage).
La porte du donjon s’ouvrait à l’ouest, au niveau du premier étage, à plusieurs mètres de hauteur. On y accédait sans doute alors, par une passerelle de bois escamotable, qui aurait reposé sur le chemin de ronde de la courtine ouest de la chemise. Cette passerelle pouvait être manoeuvrée ou tout au moins défendue à partir d’une baie située au dessus de l’entrée. La pièce, dotée d’une cheminée à hotte et conduit cylindrique, serait, selon certains auteurs, la salle d’apparat où les seigneurs de Léon recevaient leurs vassaux, ce qui semble toutefois peu sûr, du fait de son exiguïté et de son faible éclairage (25 à 30 mètres carrés, moins de trois mètres de hauteur).
On accédait du premier au second étage par un escalier coudé, logé dans l’angle sud-ouest de la tour. Cette salle, analogue à la précédente, servait d’appartement selon la disposition en usage dans les donjons de cette époque. Une voûte dont les retombées subsistent aux angles supérieurs de la pièce supportait soit une terrasse crénelée aménagée au sommet de l’ouvrage, soit un autre étage desservant les défenses sommitales de la tour.
La chemise, ou courtine du donjon, épousait les contours du rocher, ce qui permit d’y aménager des postes de tir pour la flanquer sommairement. S’appuyant au donjon (côté nord-est) elle dessinait un éperon polygonal au nord, avant de longer la paroi occidentale de la tour. La muraille se prolongeait au sud où elle délimitait un espace de quelques dizaines de mètres carrés en avant du donjon. De cette position, les défenseurs pouvaient commodément arroser de projectiles les assaillants qui seraient parvenus à s’emparer de la première enceinte et qui aurait tenté d’attaquer l’ouvrage central. II est vraisemblable que pour rejoindre le secteur nord de la plate-forme, on devait alors passer sous la passerelle d’accès au donjon, située à quelques mètres au dessus de ce seuil. La partie nord de l’ouvrage est couverte d’éboulis dont l’épaisseur doit être supérieure à quatre mètres près de l’angle nord-est du donjon. Au nord, se dresse un éperon polygonal mesurant huit mètres sur quinze dans sa plus grande largeur. On accède par deux entrées dont l’une donne sur un couloir chichement éclairé par petites archères d’inégales dimensions (peut-être menait-il à des latrines ?). Ce corridor communiquait avec une salle polygonale d’une vingtaine de mètres carrés qui s’ouvrait aussi sur l’esplanade.
A proximité de l’éperon, sur la courtine ouest, existait un saillant grossièrement semi-circulaire qui flanquait la muraille et défendait, semble-t-il, une poterne haute aménagée dans une anfractuosité du rocher. Un petit corps de logis occupait en partie l’esplanade entre l’éperon et le donjon. Au pignon nord de celui-ci, se voient toujours les traces d’arrachement d’une toiture à deux pentes. A l’est, ce logis s’appuyait contre la courtine où subsiste, au niveau de la cour, des traces de deux baies dont les pierres de taille ont été arrachées. La surface de ce bâtiment, qui comportait sans doute un étage était d’une centaine de mètres carrés : il doublait la superficie logeable du donjon avec lequel, il ne semble pas avoir communiqué directement.
L’enceinte et la partie basse du Château
L’enceinte comportait trois éléments : la plate-forme orientale, la courtine sud qui reliait cet ouvrage à la base sud-ouest du rocher du donjon et au nord, une muraille linéaire, flanquée de contreforts plats.La plate-forme orientale est moins élevée et moins vaste que celle du donjon. Elle est ceinte de murailles au nord et à l’est on y voyait encore les bases d’une tour carrée au début du XIXe siècle. Une grosse tour circulaire en occupait l’extrémité méridionale, avec une tour semblable située plus à l’ouest, elle encadrait un pont-levis. Ces deux tours furent édifiées au XVe siècle lors du remodèlement de l’ancien dispositif d’entrée du château, la partie de l’enceinte plus exposée aux attaques. Ces deux tours ainsi disposées formaient un puissant ouvrage dont l’assaillant devait s’emparer avant même d’entreprendre l’attaque du donjon.Une partie de la base de cette tour a été dégagée en 1968. De plan circulaire, peut-être ovale, elle a un diamètre de plus de 15 mètres. Elle comprend une salle polygonale d’une quinzaine de mètres carrés et un étroit couloir coudé qui mène à une trappe qui surmonte une salle voûtée en berceau de 6,60 mètres de côté. Cette pièce correspond à une des chambres dégagée en 1926 : c’était probablement une casemate d’artillerie comme en témoigna alors la présence de boulets. Ces pièces furent transformées en cachots à la fin du XVe siècle. Ces deux tours formaient sans doute l’unique flanquement de la courtine sud. La douve est totalement comblée à l’emplacement de l’entrée du château et partiellement à l’ouest où elle mesure encore environ quatre mètres de profondeur sur six mètres de largeur. L’espace ainsi délimité par l’enceinte est assez réduit, mais il devait cependant abriter quelques constructions comme des communs, des magasins, des logements ou des écuries dont la présence se révélait être indispensable près de toute résidence seigneuriale. Celles-ci s’élevaient probablement dans la petite cour établie au dessus de la courtine nord à laquelle on accédait par un passage large de trois mètres et long de quatre à cinq, percé dans la roche, en arrière de la porte du château. D’autres habitations se dressaient contre la courtine sud comme semble l’indiquer la présence de deux murs parallèles, épais d’un mètre environ, longs de dix à quinze mètres et distants de 7,50 mètres (mais peut-être appartiennent-ils à un édifice postérieur).
Extrait du guide “9 siècles d’histoire”
Textes de Roger Bras / Patrick Kernevez

Les fouilles du Château

Tous les étés, une session de fouilles est organisée.

fouille 1
ofuille