Chapelle de Pont-Christ

pont-christ

Le village de Pont Christ est d’origine ancienne : le toponyme, d’abord, rappelle l’invasion des “bretons” christianisés de Cornouailles et du Pays de Galles, du IVe au VIIe siècle. Pont Christ fait alors partie de la paroisse de Ploudiry. Ensuite, la présence d’un ancien chemin qui, partant de Kerillien en Plounéventer, franchit l’Elorn par un pont gothique et se continue par La Martyre, Le Tréhou, et au-delà, atteste l’antiquité du passage. Ce chemin serait une piste gauloise car elle ne correspond pas au réseau routier romain.
Cependant, la villa gallo-romaine du Valy-Cloître, construite entre 80 et 60 avant J.-C., était desservie par cette piste permettant d’accéder à l’Elorn. L’histoire de Pont Christ est aujourd’hui bien connue, grâce aux recherches d’André Croguennec. Elle est liée à l’histoire des marquis de Brézal. Propriétaires d’une grande partie des bois et des terres de la paroisse de Ploudiry dont Pont Christ est en trève, succursale de la paroisse, les châtelains de Brézal étaient de puissants seigneurs, prévôts de la foire de La Martyre. En 1623, Vincent de Brézal est capitaine de huit paroisses riverains de l’Elorn.

 

En 1533, Guille de Brézal et Marguerite Sénéchal firent construire la chapelle de Pont Christ, dédiée à Notre-Dame de Bon Secours, village de paysans “journaliers” et “occupés d’industrie” travaillant à façon le lin et le chanvre pour des “fabriquants” qui revendaient les toiles à des négociants, Pont Christ est pauvre. C’est cette pauvreté qui souligne le cahier de doléances rédigé le 29 mars 1789. Dans ce document original, car anticonformiste, l’insuffisance des terres labourables, l’accaparement des “communaux” par les riches fermiers, la misère des journaliers contraints de faire paître leurs animaux le long des routes sont soullignés. En 1790, Pont Christ compte 206 habitants. En 1791, Pont Christ est rattaché à La Roche Maurice après avoir été amputé du hameau de Guerrant (Goarem Hent), attaché à Ploudiry.
Dès lors, Pont-Christ, dont l’église tréviale tomba en ruine par manque d’entretien, suite à l’ écroulement de son toit à la fin du XIXè siècle, connut le déclin des villages ruraux. Mais le moulin de Brézal, jadis moulin et four banal; les fermes de Frout et le moulin en ruines sur la rivière Saint Jean, ainsi que les terres riveraines de l’Elorn témoignent encore de l’importance économique qu’avait autrefois la vallée de Pont Christ.
Aujourd’hui, le château de Brézal, “grande maison bourgeoise” de caractère, du XIXe, et le “moulin à Four”, situé à Plounéventer, sont devenus des restaurants réputés Le pittoresque du site fait l’admiration des nombreux visiteurs. Une sauvegarde et mise en valeur du site ont été réalisées de 1988 à 1995 et chaque année au 15 août, était célébrée le pardon, dans les ruines de la chapelle.

Extrait du guide “9 siècles d’histoire”
Textes de Roger Bras /Patrick Kernevez