Villa Gallo Romaine de Valy Cloitre

romaine

Qu’appelle-t-on villa ?

Issu du latin « villa », ce terme désigne une ferme, un domaine agricole de l’Italie antique et de la Gaule.
Après la conquête romaine en ARMORIQUE (57-51 av JC), il est convenu de penser qu’un pouvoir indigène breton (les Osismes) subsiste sous protectorat romain.
Toutefois, ce n’est qu’à partir de l’empereur CLAUDE (41-54 ap JC) que la romanisation se fait sentir en ARMORIQUE dans l’agriculture, l’artisanat, la vie maritime.

La villa gallo-romaine du Valy Cloître

En 1970, un entrepreneur agricole effectuant des travaux pour M GUILLOU, cultivateur à Valy Cloître en La Roche Maurice, mit au jour quelques éléments de maçonnerie en briques et moellons de l’époque gallo-romaine.
Le site n’était pas inconnu puisque le géomètre landernéen Flagelle l’avait localisé en 1869 en ces termes : « substructions et tuiles au village de Valy-Cloître » (bulletin Société Académique de BREST).

Situation

Les vestiges sont situés sur la parcelle section A n.761 (cadastre de 1870) le cadastre 2003 mentionne n .n613 SECTION A (superficie 18221 m2)

Un site très ancien

Situés à 30 m d’un chemin large de 12m dont l’origine remonterait à la PROTOHISTOIRE (3è au 1er millénaire), les vestiges gallo-romains du Valy-Cloître étaient desservis pas cette piste celtique qui, venant de Kérilien en Plounéventer, franchissait l’Elorn à Pont-Christ, remontait le versant du plateau vers La Martyre, Le Tréhou, Quimerch et atteignait l’embouchure de l’AULNE.

Un emplacement idéal

L’exploitation agricole s’étendait sur 200 à 300 ha. L’habitation située sur un plateau de 60m d’altitude évoque la présence d’un domaine agricole d’étendue moyenne propice aux labours, aux prés, et surtout aux bois couvrant les versants des vallées et collines.

Les dessins sont issus de l’ouvrage Chronique d’archéologie antique et médiévale : La Roche-Maurice, Valy-Cloistre, de René Sanquer (Bulletin de la Société Archéologique du Finistère – BSAF – 1971).

La vie sur le domaine est autarcique

La « réserve » du maître est exploité en faire-valoir direct par les esclaves (serfs), le reste du domaine est divisé en lots (manses) cultivés par des paysans libres (vilains ou manants) moyennant des redevances en nature : cens, champart, corvées.
Le domaine produisait bovins, porcs, moutons, volailles, c’est-à-dire la gamme complète du bétail élevé dans la Bretagne médiévale. La proximité de l’Elorn favorisait la commercialisation des productions par voie fluviales. L’Elorn offrait aux paysans le saumon, source de nourriture très répandue dans les zones proches des fleuves : Elorn, Aulne, Odet.

Structure et aspects généraux de la villa

Les fouilles ont été menées par M. SANQUER en collaboration avec les professeurs et les étudiants de la faculté de BREST au cours de l’année 1971.
La villa du VALY CLOITRE a été détruite par le feu entre 170 et 195 ap JC dans des circonstances que nous ignorons.
Dans le mobilier extrait des fouilles une brique à pâte blanche porte deux textes disposés en sens inverse. Il s’agit d’une énumération en langue gauloise. Ceci montre qu’à la fin de IIIè siècle on parlait le Celtique en Armorique.

Conclusion

La villa du Valy-Cloître est un exemple des domaines agricoles de taille moyenne dispersés dans la campagne bretonne très boisée encore jusqu’aux grands défrichements effectués du Xème au XIIIème et qui entraîneront la naissance des villes et des villages.
R.BRAS (9 siècles d’histoire)